Article scientifique
      Le néo-académisme en URSS, une autre architecture



Boris Iofan, Vladimir Chtchouko, Vladimir Gelfreich, projet pour le Palais des Soviets, Moscou, vers 1933. Image Musée Chtchoussev d’Architecture.

Publication prochaine dans La Revue de l’art.

L’URSS a inventé une esthétique englobante, le néo-académisme, dont la principale caractéristique fut la volonté d’assimiler toutes les cultures précédentes, dans une visée globalisante voulant être le dernier universalisme, celui d’une URSS triomphante.

Cette entreprise artistique fut sans équivalent, à une échelle inédite dans le XX° siècle, l’URSS étant parmi les régimes totalitaires celui qui se munit d’un système esthétique le plus absolu possible, ne s’arrêtant pas à l’Antiquité, incluant aussi bien la Florence Renaissance que les pyramides mayas. Alors que le monde peu à peu était conquis par la modernité, l’URSS avait conscience de développer un art autre, indépendant de l’évolution mondiale. Contrairement à une opinion reçue, les architectes soviétiques n’ignoraient pas la production étrangère, et c’est donc en connaissance de cause qu’ils développèrent le néo-académisme.

Cet art signifiant ne convoqua le passé que pour le faire sien, y greffant au passage sa propre symbolique, comme si elle devait constituer le terme marxiste de l’Histoire. Du Mausolée de Lénine à l’Université Lomonossov, l’URSS affirma un art qui voulut remplacer les modèles, et se propager dans le monde. Les Républiques Démocratiques sous le joug de l’URSS, puis la Chine, s’adaptèrent au néo-académisme, contribuant pour quelques années à en faire une conception formelle mondiale, livrant au prolixe style International un étrange miroir inversé, une sorte de pompeuse internationale historique.